ARBITRE PAR PASSION
INTERVIEW DE CLÉMENTINE ET AGATHE

Le savez-vous ? Deux de nos arbitres évoluent au niveau national ! La Journée Internationale de droits des femmes (8 mars) permet souvent de mettre en lumière les femmes, leurs passions, leur travail. Arbitres, c’est clairement faire respecter les règles sur le terrain. Occasion donc de partir à la découverte de Clémentine et Agathe...


Bonjour, et si nous commencions par les présentations ? Quelques mots sur votre parcours scolaire, professionnel ?

A -Je m'appelle Agathe Kocher, j'ai 22 ans. Je suis originaire de Bordeaux. J’ai vécu 21 ans là-bas et je viens juste d'arriver à Nantes.

J'ai fait un parcours scolaire très classique, un bac S, option physique-chimie. 

Ensuite, je me suis orientée directement vers l'alternance parce que je savais que je ne voulais pas rester assise sur une chaise à apprendre et écouter, mais que je voulais mettre en pratique et découvrir de nouvelles choses. J'ai fait un DUT gestion logistique et transport sur la partie management d'équipe. J'ai continué en licence responsable logistique et là, je suis actuellement en master transport logistique et commerce international. 

 

C-Moi, c'est Clémentine Dubreil, j'ai 34 ans. Parcours classique aussi, bac éco, STAPS, et prépa physique derrière. 

Aujourd'hui, j’ai un peu mis la prépa physique de côté pour l'arbitrage, tout simplement. Et je suis originaire de Nantes. Je suis au club depuis 6-7 ans. 

 

Donc, tu es préparatrice physique à côté, ou tu gardes seulement arbitrage ?

 

C-Mes prépas physiques, c'est une toute petite partie, donc pratiquement que l'arbitrage.

 

Pourquoi êtes-vous devenues arbitres ? Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir arbitre ?

C-Moi, c'est une intervention dans mon club. J'étais en U17, je crois. C'était la préparatrice physique de l'époque. Et ce qui est rigolo, c'est que maintenant, je la retrouve à Clairefontaine à chaque stage. C'est Mélissa Rossignol, qui était préparatrice de mon équipe de foot. Et donc, elle a fait une intervention sur l'arbitrage, faire découvrir des petits mini-jeux, etc. 

Elle m'a dit, tu te débrouilles pas mal, ça ne te dirait pas de devenir arbitre, de passer les formations. Je lui ai dit, hors de question. Et un an plus tard, je suis revenue la voir en lui disant, ouais, je vais peut-être essayer. Donc j'ai essayé sur des tournois, sur petits terrains, et puis je me suis vite pris au jeu. Le club m'a amenée à devenir arbitre. Et puis, 6 ans plus tard, je la retrouve à tous les stages. Donc c'est rigolo. 

Et donc avant d'être arbitre, tu étais aussi joueuse ? 

C-C'est ça. J'ai joué pendant une dizaine d'années, à peu près. J'ai commencé à 9 - 10 ans. 

Et donc, tu as arrêté en U17 ? 

C-Ouais, juste avant de passer en senior. Je crois que j'ai fait une année en senior, à mes 18 ans, quoi. Et je faisais déjà de l'arbitrage, donc j'étais un peu sur les deux tableaux. J'ai vite priorisé l'arbitrage. 

A-Et moi, pour faire l'arbitrage, j'étais au STAPS. Et on disait, le diplôme STAPS ne sert à rien. Toutes les portes sont fermées, blablabla…. Et je ne sais pas, j'aimais le foot. Je me suis lancée un petit challenge. J’étais timide, hyper réservé mais je me suis dit « Allez, si on faisait de l'arbitrage ». Et puis voilà, je me suis lancée dedans. Et puis finalement, au début c'était dur, après j'ai accroché. Voilà, tout simplement. 

Et donc tu étais joueuse aussi ?

A- Pas du tout. J'ai essayé de faire les stages à la ligue. J'étais très, très nulle. Non, je pratiquais la danse classique. Donc rien à voir.  Non, je regardais les matchs et tout, mais... Juste en tant qu'amatrice. 

 Quel a été votre parcours en arbitrage ?

A- Alors moi, j'ai d’abord réalisé une année en district. J'ai très vite pris la passerelle jeune vers la ligue. J'ai fait 3 ans ou 4 ans à la ligue. Ensuite, j'ai passé le concours de la fédération. J'ai été reçue sur la partie théorique. Ensuite, on a une année de pratique sur le terrain. Et je l'ai validée la saison dernière. Et maintenant, je suis officiellement arbitre de D2 féminine. 

Tu as toujours arbitré en féminine ou aussi en football masculin ? 

A-Alors en parallèle, on a des matchs dans nos ligues. Et en fait, on gravit les échelons de la même manière. Et l'année dernière, je suis passée R2 chez les garçons. Ça peut arriver qu'on soit mis finalement à la disposition de la ligue parce qu'on n'est pas prise par la fédération. 

C -J'ai commencé en tant qu'arbitre centrale en U19 départementaux, je crois. J'ai dû faire 6 mois. Puis, j'ai fait un an de centre en D2 à l'époque. Je suis passée en ligue. Et très vite, j'ai dit non, le centre ce n’est pas pour moi. Je suis passée à la touche. Donc au bout de 2 ans et demi, 3 ans d'arbitrage, je suis passée à la touche pour faire d'abord en R1 puis en N2, jusqu'en N2. Et il y a à peu près 5 ans, on m'a appelée pour me dire que la FED ouvrait la filière assistante féminine. Depuis, je suis en D1, assistante. 

Depuis quand êtes-vous arbitre pour le club ?

C-Je crois que j'étais là pour faire la prépa physique un an avant de venir à arbitre. Ok. Pour le club avant, j'étais à Pont-Saint-Martin. Je n’ai plus le nom du club franchement. Et je ne sais pas, ça doit faire 6-7 ans.

 Et comment es-tu arrivée jusqu'au SSFC ?

C-Parce que j'étais éducatrice sur les stages Jean-Vincent à Saint-Brévent. Et certains du club étaient au stage aussi. C'est comme ça qu'on m'a demandé de venir en tant que prépa physique. C'est Bib qui m'a demandé de venir et après je trouvais ça un peu bête d'avoir un club arbitrage et un club prépa physique. 

A-Et moi je suis arrivée en septembre dernier parce que j'ai été mutée dans la région et Gislain m'a recrutée en même temps qu'il m'a recrutée professionnellement., Je travaille aussi avec Ronan (coach U18 R1). Je travaille au Decathlon avec lui, il est sur la partie volumineux, moi je suis sur la partie qui est expédition et relations magasins

Comment se passe la formation à l'arbitrage ? Quelles sont les étapes incontournables pour évoluer à votre niveau actuel ?

 

C- Les modalités de formation ont évolué depuis que j’ai obtenu mes validations Maintenant c’est un stage de trois jours pendant lequel on balaye avec des formateurs toutes les lois du jeu, toutes les procédures aussi et toute la partie administrative qu'on doit réaliser quand on est arbitre. Et ensuite après nous sommes accompagnées sur trois, quatre, cinq matchs parfois avec un accompagnateur sur les premiers matchs en district. Ensuite, chaque année, il y a des formations, et des classements sur le terrain avec des observations. En général c'est entre deux et trois observations dans l'année. Au niveau district, il n'y a parfois qu'une observation aussi. C'est vraiment aléatoire. Et donc à la fin de la saison, il y a un classement. 

Nous c'est sur tous les matchs maintenant. Oui, vu que les matchs sont aussi beaucoup plus médiatisés. 

 

Il n'y a pas une formation pour devenir après arbitre professionnelle ? 

C-Alors ça n'existe pas arbitre professionnelle encore. On est vraiment arbitre semi-pro. Et c'est comme une équipe. Si tu arrives en haut du classement, tu peux monter. Et quand tu arrives au plus haut niveau de la ligue, ça ne fonctionne plus. Comme ça, tu passes un concours pour passer à l'AFD. Pour résumer, c'est théorie d'abord et terrain ensuite. Et si tu es reçu, tu repars dans un système de classement, les meilleurs montent. Et les contrats ne sont proposés à toutes les centrales de D1 et à certaines assistantes de D1. Chez les filles, chez les garçons, c'est un peu différent. 

La condition physique en tant qu'arbitre de haut niveau, à quel point c'est important pour vous ? Vous avez peut-être des entraînements à la ligue ? Comment vous vous mettez en condition ?

A-Il y a des entraînements à la ligue, mais moi je n'y vais pas. Il y a eu des choses qui ont été mises en place. Je crois que c'est le mercredi soir. Et on a des tests physiques deux fois par an à valider. Et on doit s'entraîner régulièrement. Chacune suit son propre plan avec soit soi-même, soit avec des coachs. On est libre de prendre des coachs ou de « faire à sa sauce ».

Comment se passent les tests ?

C- C'est différent entre centrale et assistant. C'est basé sur la vitesse. On a des minimas de vitesse sur des sprints purs. Et après, c'est plus de l'endurance à l'effort. Des pas chassés aussi pour les assistants. 

Et selon les catégories, les temps sont plus élevés. C’est un peu plus dur, si on est en D1, en D2, ce ne sont pas les mêmes temps. 

 

Quel est votre meilleur souvenir en tant qu'arbitre ? 

A-C'est super dur et à la fois j'ai envie de citer le plus récent. Je disais tout à l'heure que j'étais originaire de Bordeaux et j'ai eu la chance de faire mon premier match en D1 à Bordeaux. Avec toute ma famille dans les tribunes. C'est plutôt un bon souvenir même si je ne les ai jamais trouvés dans le stade. Ça m'a marquée et j'étais très contente de faire ce premier match là-bas. C'était un peu boucler la boucle et revenir aux sources. C'était Bordeaux-Le Havre. J'étais 4ème en D1

C-Je ne sais pas si c'est le meilleur mais c'est celui qui m'a vraiment marquée. J'ai eu la chance d'arbitrer Zidane et Drogba sur un tournoi de futsal. L'émotion ou la chance de se dire je ne suis pas derrière ma télé, je suis sur leur match. C'était assez fort. C'était pour hommage à Henri Michel il y a 4 ans, 5 ans. 

Je vous propose de revenir sur la préparation du match. Est-ce que vous avez une routine particulière ? Je sais que les footballeurs, on a souvent nos routines avec nos chaussettes, nos chaussures. Est-ce que vous en tant qu’arbitre, vous avez aussi vos « rituels » ?

C-Je ne suis pas sûre d'avoir une routine. J'aime bien dormir le matin d'un match. Dans le vestiaire, dès que j'arrive, je sors mes affaires pour être sûre. Je sais que je n'ai rien oublié, mais pareil. Je prépare les trucs. Ce n'est pas vraiment une routine. C'est qu'on a nos petites habitudes entre nous. Le déjeuner tardif, en se rejoignant toutes en bas. Des détails qui font que ça devient une routine(sourire). Mais je suis sûre que si on changeait les choses, ça ne nous dérangerait pas du tout. Peut-être juste le réveil pas trop tôt le matin. (Sourire)

A-Tous les dimanches, en général, j'essaie de regarder le téléfoot. Dans l'après-midi. Après le petit-déjeuner, on remonte dans la chambre. Et à 11h, c'est téléfoot. Ça fait 3 matchs que je n'ai pas pu, mais c'est un peu une routine. À part ça je n'ai pas forcément de routine. 

Comment est-ce que vous arrivez à combiner l'arbitrage à haut niveau et par exemple, travailler à côté à Décathlon. Comment est-ce que tu arrives à trouver le temps pour tes entraînements, pour aller au match ? Comment est-ce que tu arrives à jongler entre tout ça ?

A-C'est simple, je n'ai plus de congé. C'est trouver un équilibre, je pose des jours de congé pour aller en stage, le soir je rentre, il peut être 18h mais que ce soit après les cours ou après le travail, il faut quand même aller s'entraîner. On est très suivi. C'est une source de motivation d'être autant suivi. Il faut se faire violence parfois et ça devient une forme de discipline. Je ne te dis pas que c'est facile tous les jours. Il y a des fois où on n'a pas envie d'y aller, il ne fait pas beau. Mais il faut. C'est un peu des sacrifices où on a l'impression qu'il y a un sacrifice sur le moment parce qu'on le fait avec pas par plaisir mais on doit se bouger pour y aller. Et après quand on voit ce qui nous attend quelques mois plus tard ou les récompenses qu'on a, on n'a plus ses regrets en tête

Ton entreprise ne met pas de choses en place pour t'aider là-dessus ?

A-Pas forcément. J'ai des horaires un peu adaptés, je peux les adapter un peu comme je veux. Mais je fais quand même mes heures. Et à l'école j'ai le statut sportif de haut niveau. Donc quand j'ai match très loin je peux arriver un peu plus tard ou partir un peu plus tôt pour aller à mon match le vendredi. Parce qu'en fait on est dépendant des transports. Donc si on a un avion que le lundi soir et pas le dimanche soir, on fait comme on peut. 

Après j'ai de la chance d'avoir une entreprise qui est aussi « souple » et où je peux adapter mes horaires. Mais c'est vrai que si j’avais un emploi et une organisation un peu moins souple, ce serait peut-être plus compliqué. 

C -Moi la question se pose. Pas vraiment. Avant j'ai plutôt l'arbitrage et j'évite de prendre d'autres missions à côté, sauf au dernier moment quand je vois que c'est possible. Donc non, moi je n’ai pas cette contrainte-là du tout. 

Avez-vous un message à passer avant la fin de cette interview ? 

C-Non peut-être juste parfois on n'ose pas faire les choses, on se met des barrières soi-même. Peut-être oser. Y'a pas des prédispositions à l'arbitrage. Quand je me revois en arrière, j'étais timide, réservée. Jamais je n’aurais cru pouvoir réussir. Donc si l'envie l'a ou juste même la curiosité d'essayer, de tester, pourquoi pas se lancer. Ne pas se brider. 

A-Faut essayer pour savoir si on aime ou pas. On se prend très vite au jeu. Moi je ne pensais pas et finalement... Oser ?... Oser c'est le bon mot. 

ARBITRE PAR PASSION
PLOTEAU Mathis
4 avril, 2024
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